51e congrès : synthèse commission pêche

Pêche de loisir

51e congrès : synthèse commission pêche

51e congrès de la FNPP du 28 au 31 mars 2025 à Talmont-Saint-Hilaire (Vendée)

La pêche en mer de loisir et sportive est une activité populaire profondément ancrée dans la culture et les traditions, et qui transcende les différences sociales et générationnelles. Elle rassemble passionnés et curieux, jeunes et anciens, citadins et ruraux, dans un partage d’expériences et de savoirs qui renforce le lien entre l’homme et la mer au plus près des réalités et de la nature. Elle représente un poids économique considérable de plusieurs milliards d’euros pour seulement quelques pour cent de la pêche professionnelle. La pêche de loisir en mer doit être accessible à tout citoyen sans distinction d’âge ni de catégorie socioprofessionnelle. Rappelons que les associations adhérentes à la FNPP œuvrent à longueur d’années sur toutes sur tout le littoral afin d’éduquer les pêcheurs de loisir au respect de la ressource et de l’environnement, ainsi qu’au strict respect de la réglementation et des règles de sécurité. Nos guides des bonnes pratiques, ainsi que nos outils de mesure et nos planches d’identification des espèces, ont déjà été distribués à plusieurs millions d’exemplaires sur tout le littoral national. Notre revue Pêche Plaisance apporte chaque trimestre à nos adhérents toutes informations importantes, relatives à la réglementation et à la sécurité.

51e congrès : synthèse commission pêche
Participants : Denis Cottard (76), responsable de la commission ; Alain Scriban (22 & vice-president FNPP), Christophe Barrault (56) ; Yves Thillet (17) ; René Julé (56) ; Yves Dupuis (17) ; Joël Arvor (29 - FCSMP) ; Guy Janinet (22) ; Christine Janinet (22) ; Gérard Giordano (13) ; Jean-Luc Chaix (13) ; Serge Marchese (13) ; Dominique Cholonneau (17) ; David Auguet (76) ; Pierre Gatha (13) ; Bruno Bottereau (30) ; Jean-Luc Coret (62) ; Denis Letel (17) ; Christian Sorin (17) ; Jean-Paul Massot-Labrosse (17) ; Pascal Millet (17 ?) ; Yves Lebert (85) ; Daniel Le Dillau (50).

Une démarche écoresponsable et équitable

Les pêcheurs de plaisance en mer déplorent, depuis de longues années, que leurs efforts ne soient pas suffisamment reconnus et que la charte mer, élaborée par consensus au cours des travaux du Grenelle de l’environnement que et signée le 7 juillet 2010 entre les fédérations de pêcheurs de loisir, les Autorités et l’ensemble des différents partenaires, n’ait pas été sérieusement mis en œuvre. Néanmoins la création depuis 18 mois d’un groupe de concertation sous la co-présidence des sénateurs Alain Cadec et Pierre Médevielle a été accueillie comme un nouvel espoir.
Concernant les grands thèmes débattus, la FNPP rappelle sa position selon laquelle la mise en œuvre de l’obligation européenne d’une déclaration obligatoire dès 2026 des espèces pêchées, ne devra porter que sur les espèces les plus sensibles et sous gestion. En aucun cas, elle ne devra devenir un moyen détourné d’imposer des quotas toutes espèces qu’ils soient quotidiens, hebdomadaires ou mensuels.
Elle est, par ailleurs, favorable à l’idée d’une déclaration annuelle obligatoire des pêcheurs à condition qu’elle s’inscrive dans une démarche constructive pour le pêcheur et en lien avec une accréditation de la Confédération Mer & Liberté (CML) permettant de développer ce processus en étroite collaboration avec l’Administration (DGAMPA). Cela permettra également de mieux évaluer et relativiser le poids réel et les différents types de pêche pratiqués. À cette fin, la FNPP rappelle l’importance que ce processus soit développé de façon équilibrée. Pour cela, il doit être fondé à la fois sur la signature annuelle, par chaque pêcheur, d’une charte de comportement l’engageant à des pratiques respectueuses des règles, de la biodiversité, de l’environnement et de la sécurité ; mais aussi par un engagement de l’État de donner accès via le même site à toutes informations légales nationales ou locales utiles ou autres.
La FNPP importe une importance toute particulière aux jeunes pêcheurs pour qu’ils soient associés dans cette démarche. En effet, en écho aux efforts entrepris par nos associations en termes d’information, de formation, d’école pêche et d’accompagnement, il est primordial qu’ils soient considérés comme des pêcheurs à part entière dès l’âge de raison.

51e congrès : commission pêche

Réglementation pêche pour la préservation de la ressource

La FNPP demande que certaines méthodes d’encadrement et de gestion de la ressource soient revues.
En effet, confrontés plus que jamais à des efforts à deux vitesses, les mesures imposées à la plaisance ne font la plupart du temps qu’accumuler les contraintes sans remise en cause des anciennes mesures qui persistent. En définitive, elles ne font qu’opposer les uns aux autres sans pour autant atteindre l’objectif de préserver la ressource au lieu de se fonder sur une analyse réelle d’impact général de chacune d’entre elles. L’exemple le plus flagrant est celui du bar ou du lieu jaune pour lesquels les plaisanciers, au-delà de l’obligation controversée de couper les queues, ont accepté le respect de tailles minimales sensiblement plus élevées afin de favoriser le nombre de reproductions et la maturité, donc le renouvellement de la ressource. Pourtant, les quotas journaliers imposés restent inchangés, y compris pour le bar où des distorsions inexplicables subsistent entre les zones, au lieu d’être soit supprimés ou augmentés, soit adaptés sur base mensuelle ou annuelle.
Plus grave encore est le non-respect imposé des périodes de reproduction par tous les acteurs en mer, alors que les plaisanciers, soucieux de la pérennité, eux le font. Ainsi, l’utilisation de certains engins (chaluts, sennes tournantes etc.), comme laisser chaluter sur les frayères causent des dommages destructeurs irréversibles au cœur de la ressource et pour de longues années, cercles vicieux dont nous subissons tous les conséquences.
C’est pourquoi, la FNPP considère que, dans l’intérêt d’une protection durable de la ressource au bénéfice de tous, il est urgent d’imposer à tous pêcheurs et modes de pêche confondus, l’interdiction de pêcher sur les zones de frayères comme celle durant les périodes de reproduction, le lieu jaune et le bar étant des priorités.

Intervention de Denis Cottard, responsable de la commission

De la même façon, certaines chaînes de grande distribution continuent de proposer à la vente ces espèces durant les périodes de reproduction et le plus souvent à bas prix. Au-delà du message désastreux que cela véhicule, ces ventes suscitent incompréhension et fort mécontentement. La FNPP demande que l’ensemble de la filière de distribution suive l’exemple de ceux qui ont déjà décidé d’arrêter la commercialisation durant ces périodes depuis plusieurs années.
Concernant le thon rouge, nous contestons la réglementation actuelle qui nous impose un quota extrêmement limitatif, qui persiste scandaleusement à 1 % du quota national malgré le non-respect dans la répartition du quota par la France de l’application des critères environnementaux de certaines pratiques destructrices. Nous demandons donc que les mesures de gestion mises en place n’imposent pas un arrêt arbitraire anticipé pénalisant plus encore la plaisance, et d’une façon générale un quota équivalent à un thon rouge par bateau et par an.
Il est par ailleurs constaté sur le terrain, ces dernières années, un accroissement notable de la ressource thon, que ce soit en Méditerranée et même dans les zones Manche et Atlantique. Plusieurs effets sont déjà visibles par leur abondance et une proximité accrue des poissons dans la zone des 6 milles, voire une sédentarisation qui déséquilibre ainsi la faune locale et la biodiversité.
Enfin, plusieurs précisions utiles restent toujours en attente dans certains textes pour éviter des interprétations d’application trop divergentes à l’occasion des contrôles. Cela concerne toujours l’arrêté 0123 du 17 mai 2011 sur la question du marquage des prises qui ne devrait être considéré explicitement comme devant être effectué « au plus tard » au moment du débarquement ; de même, et pour les mêmes raisons, une clarification reste nécessaire pour lever toute ambiguïté concernant le décret 2014-1608 du 26 décembre 2014 relatifs aux engins de relevage et éviter des verbalisations abusives, en précisant que « seuls les apparaux de relevage d’une puissance maximale de 800 watts sont permis pour relever les engins autorisés par la réglementation ».

Intervention d’Alain Scriban

Protection de la bande côtière

La FNPP se prononce résolument contre les pêches intensives pratiquées dans la bande côtière et en particulier contre l’utilisation des matériels traînés qui « détériorent les habitats et les organismes posés sur le fond et n’opèrent aucune sélectivité », comme l’indique l’Ifremer. Nous demandons, comme de nombreux professionnels côtiers, que la réglementation d’interdiction de ces matériels dans la bande côtière soit strictement observée et respectée sans aucune dérogation ni tolérance et que tous les types de sennes, ainsi que les navires usines, soient repoussés au-delà de 12 milles, soit au-delà de la limite des eaux territoriales. Place aux pratiques écoresponsables.
La FNPP est par ailleurs très favorable à la mise en place de récifs artificiels à grande échelle dans la bande côtière, comme cela se fait dans de nombreux pays ou dans certaines régions de France avec grand succès, dans le but de favoriser la biodiversité ainsi que le maintien et la reproduction des espèces. Soulignons que ces récifs protecteurs assurent la pérennité de toutes les pêches. Nous suggérons que soit permise l’immersion de structures propres aisément utilisables et ne nuisant pas à l’environnement.

Pêche sous-marine

La réglementation concernant la pêche sous-marine est différente de celle des autres pratiquants de la pêche de loisir. Nous demandons une harmonisation de ces réglementations (temporelles et géographiques). De même une plus large révision de la réglementation et des dispositions particulières à la pêche sous-marine est indispensable : beaucoup sont très anciennes et devenues inadaptées, voire injustifiées. La FNPP est disposée à partager les informations dont elle dispose pour faciliter une telle démarche.

Denis Cottard, responsable de la commission pêche du bord, en bateau et sous-marine